Voilà qui est embarrassant. Alors que le Mouvement de la Jeunesse Numérique 3.0 alerte depuis plus d’un an sur les risques de l’utilisation dans les écoles de tablettes numériques fournies par des entreprises étrangères, un scandale illustre nos propos : la dernière mise à jour de l’entreprise américaine Apple a fait sauter les verrous des iPads des écoles de Los Angeles le mois dernier.
En 2013, Los Angeles compte investir un total de 1 milliard de dollars dans l’équipement en iPad de ses 650 000 écoliers. Un plan très ambitieux qui s’est vu remis en cause à la suite d’une sérieuse défaillance technique : début octobre, la mise à jour iOS7 (qui installe la dernière interface mise au point par Apple sur ses produits) a permis à plus de 300 enfants de supprimer les profils restrictifs de leur iPad.
Concrètement, qu’est-ce que cela implique ? Tout simplement, ces élèves ont pu supprimer le compte utilisateur imposé par leur établissement pour l’utilisation strictement éducative des outils Apple.
Résultat : non seulement ils ont fait sauter les verrous leur interdisant l’accès à l’ensemble d’Internet, mais ils ont aussi par ce geste privé les administrateurs de tout droit de contrôle sur leurs activités.
Pour nos têtes blondes, le plus grand risque est sans doute l’accès aux réseaux sociaux et bien entendu aux jeux vidéo en ligne pendant les cours. Ce qui, en soi, est difficilement compatible avec une éducation correctement assimilée.
Mais, évidemment, comment ne pas penser aux possibilités plus préoccupantes que cela ouvre ? Il ne s’agit pas seulement des sites inappropriés auxquels les enfants pourraient accéder, mais surtout aux failles de sécurité alarmantes que cet incident met en évidence.
La conséquence à court terme, c’est que les écoles concernées n’autorisent plus les élèves à emmener leur iPad chez eux à la fin des cours. Une mesure qui paraît peu compatible avec l’ambition affichée de faire de ces outils des instruments éducatifs complets, notamment dans le cadre des devoirs à la maison.
La conséquence à long terme, c’est que la question de la sécurité des programmes scolaires sera mise en cause à chaque évolution du matériel numérique si l’on ne prend pas de mesures concrètes pour l’encadrer.
Apple s’est engagé à résoudre le problème au plus vite ; cependant cela prendra au minimum plusieurs semaines. En attendant, plusieurs écoles n’ayant pas encore installé iOS7 ont décidé de bloquer les mises à jour automatiques afin de s’assurer de rester sur l’ancienne version.
Allant plus loin encore, plusieurs districts de Californie ont mis en suspens leur programme de fourniture de tablettes Apple à leurs écoliers, « pour des raisons de sécurité » allèguent-ils.
N’interprétons pas mal nos propos : pour le MJN 3.0, il est évident que les tablettes sont des outils prometteurs pour l’éducation. Les enseignants américains ont raison de s’émerveiller lorsqu’ils constatent que l’intérêt de leurs élèves est bien plus grand pour Shakespeare s’ils peuvent, en même temps qu’ils étudient son œuvre, visiter virtuellement le Théâtre du Globe !
Néanmoins, un équilibre reste à trouver. Le système est trop perfectible pour que l’on s’emballe. Les bugs aux Etats-Unis le prouvent ; qu’en serait-il en France ? Une entreprise américaine fournissant des écoles américaines : l’arrangement est aisé… Mais qu’en sera-t-il lorsque des écoles françaises dépendront d’une entreprise américaine ? Devrons-nous appliquer un principe de précaution constante vis-à-vis de la moindre évolution du matériel, ou prendrons-nous les mesures nécessaires à la protection de notre système éducatif ?
Une entreprise américaine telle qu’Apple ne doit pas être seule en mesure de contrôler les outils pédagogiques du futur, ce constat procède du bon sens. C’est au gouvernement français de prendre ses responsabilités et d’encadrer légalement le système qui aura la charge, demain, de remplir la tête de nos enfants.
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