Parmi les nombreuses questions posées par l’entrée de l’éducation dans le numérique la question du coût est fondamental. Le cout financier évidemment, mais également le cout en termes d’indépendance, de liberté et de contrôle. Face à ces problématiques, les logiciels libres représentent une opportunité stratégique que le monde de l’éducation doit saisir.
Mais avant d’aller plus loin, il faut s’entendre sur la définition des termes du sujet. On entend par logiciel libre tout logiciel dont l’usage, la modification et la diffusion sont autorisés sans restriction. On les oppose en cela aux logiciels dits « propriétaires » dont l’usage est limité par l’acceptation d’une licence, payante ou non. L’idée ici n’est pas d’opposer logiciels libres contre logiciels propriétaires mais bien de savoir lesquels servent au mieux les intérêts des élèves qui auront à s’en servir.
La gratuité de principe des logiciels libres est un argument en soi. Dans un contexte de contrainte budgétaire croissante, le fait de ne pas avoir à payer de licences pour utiliser des logiciels représente un atout considérable. A cela s’ajoute le fait que les sommes versées pour ces licences le sont majoritairement à des entreprises américaines ce qui pose des problèmes à la fois de sécurité et de fiscalité. De sécurité car les scandales récents ont démontré la compromission de certains logiciels d’usage courant. Et de fiscalité car les entreprises en question vont recourir à des mécanismes d’optimisation fiscale qui prive l’Etat d’une partie de ses recettes.
Certaines administrations comme l’Assemblée nationale ou la Gendarmerie nationale l’ont déjà bien compris et l’Etat encourage le recours à ces logiciels. (http://circulaire.legifrance.gouv.fr/pdf/2012/09/cir_35837.pdf). Selon le principe de liberté du logiciel libre, une administration peut utiliser la structure générale d’un logiciel mais le modifier pour lui faire remplir un usage spécifique. Cette adaptation peut être réalisée par le service lui-même ou par une société extérieure suivant la technicité de l’opération.
D’un point de vue sécurité, le recours aux logiciels libres est un enjeu stratégique. Stratégique car ils permettent de s’affranchir des influences extérieures. En effet le code source des logiciels libres est accessible ce qui permet d’auditer son fonctionnement et donc de déceler les éventuelles fuites de données. Dans le contexte des affaires d’espionnage actuelles l’intérêt est évident.
Des associations comme l’APRIL (http://www.april.org/), Framasoft (http://www.framasoft.net/), l’AFUL (http://aful.org/) ou la FDN (http://www.fdn.fr/) proposent déjà des solutions opérationnelles facilement déployables pour les établissements scolaires qui souhaiteraient passer dans le monde du logiciel libre. Mais ces associations agissent à des niveaux différents : l’APRIL (avec la Free Software Fondation) plutôt au niveau institutionnel, Framasoft au niveau logiciel et la FDN au niveau réseau. Cependant elles se heurtent dans leurs démarches à la puissance de grandes entreprises comme Microsoft notamment.
Le principe des logiciels libres peut aussi s’appliquer à des produits physiques, c’est le concept du matériel libre. Les principes philosophiques de liberté, d’ouverture, des logiciels libres sont transposables au niveau matériel. Les plans, les modes de construction, les matériaux sont connus et diffusés pour permettre au plus grand nombre de réaliser par eux-mêmes les matériels dont ils ont besoin le produit réalisé correspond strictement à leurs besoins. A l’image des logiciels c’est la force de la communauté qui donne tout son intérêt à ce type d’initiative.
L’argument souvent avancé pour discréditer ces mouvements est le fait qu’ils risquent d’affecter l’emploi dans le secteur informatique alors qu’au contraire le logiciel libre permet de développer une offre de prestation différente. Dans cette logique le socle logiciel de base est gratuit mais la prestation de personnalisation est payante.
Si l’on conjugue ces deux philosophies il devient possible de créer des solutions sur mesure pour le monde de l’éducation. Des logiciels libres qui fonctionnent sur des matériels libres dans une boucle vertueuse. Cette démarche peut même faire l’objet d’un projet pédagogique pour les élèves : la création et l’utilisation d’un matériel informatique crée par eux et pour eux. Ils apprennent alors à maitriser l’outil numérique dans sa globalité.
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